Liliane ROBMAN /
1
1 jour avant
La lumière crue du soleil à travers les nuages rend les fleurs blanches du prunier phosphorescentes.
Et tout à coup tout est gris à nouveau. Reste une trouée bleue qu’une masse de cendre envahit peu à peu. Le ciel va tomber sur les toits.
Sombre étrangeté des choses et du monde.
Les gracieuses mésanges qui picorent le prunier ne s’en soucient pas.
2
La chambre est inondée de soleil, j’ai ouvert grand la fenêtre.
Autrefois il y avait un bouleau.
Dans la chambre ma sœur
Bercée par le miroitement d’argent
Des jeunes feuilles dans le vent
La pensée flotte vers ceux qui ne sont plus là
J’ai du temps pour me souvenir.
Ce temps où la mort rôde nous ramène vers nos morts.
Chaque visage unique, chaque nom qui s’en va
C’est le premier au monde
Et maintenant la mort se compte en chiffres
En cadavres entassés
Stockés sur la glace d’une patinoire
Effroi d’un autre temps.
Lorsque les hommes meurent seuls, livrés à l’abandon, sans les paroles des vivants pour habiter leur silence, de ceux qui les ont aimés et porteront leur souvenir incrusté, une part de notre humanité se meurt.
Qu’est-ce qui fait de nous des humains … des gestes, des paroles pour honorer l’absence, des paroles vers les cimes, bercées par les cyprès.
Dans l’encadrement de ma fenêtre l’arbre d’un jardin voisin détache sur le toit ses pompons de fleurs blanches. Peut-être un cerisier précoce ?
Liliane ROBMAN
Merci beaucoup Liliane Robman de partager votre poésie, de nous inviter à vos côtés dans ce tendre regard sur ce que les hommes et le femmes et les arbres et la lumière vivent ensemble.
Dominique Assor