Liliane ROBMAN /
La fenêtre s’ouvre au réveil
Sur une danse effrénée de tourterelles
À grand vacarme
Et agitation d’ailes
Danse nuptiale du printemps
L’air du matin est presque doux
L’opale mauve du premier iris
Éclos pendant la nuit
Défroisse ses pétales translucides.
Et tout à coup le vent s’emporte
Siffle dans les conduits
Claquent portes et fenêtres
Le prunier s’affole
Le printemps s’éteint
Le fenêtre se referme
Pourtant Pâques approche
Seder de Peissakh avec les gestes du souvenir
Se souvenir de l’esclavage
Et de la rupture d’esclavage
De la douloureuse décision
Des atermoiements et des hésitations
Se souvenir du désert et de l’errance
Se souvenir de se souvenir
Se souvenir que nous avons cru
À l’or trompeur des idoles
Cette année les vieux ne verront pas
La moitié de matsa offerte
Et la moitié cachée
Sous la nappe blanche
Que l’enfant feindra de voler
Face visible et face cachée
N’entendront pas les rituelles questions
des enfants
Transmission qui relie aux générations
Ne verront pas le voyage autour de la table
Avec le baluchon
Suivi d’une ribambelle d’enfants
Qui refont chaque année
Le grand voyage de sortie d’Egypte
Dans une danse ludique
Mais aujourd’hui nous avons internet
Et Delphine Horvilleur sur la toile
Marc Alain Ouaknine sur les ondes
Pour méditer
Sur le sens et la transmission
Sur l’enfance et la différence,
La pluralité des visages
Sur les esclavages de notre modernité
Sur l’Egypte en nous-même
Et sur nos complaisances
En chacun et en nous
À quoi faut-il renoncer
Pour être a mentsh
Un homme libre
Masculin et féminin
Un Peissakh en pensée
Liliane ROBMAN
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