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Luz ZAPATA /
Parmi les fleurs, les canaris et les poissons
Marilú apprend à broder
Hier on a choisi le tissu, les échevettes, les aiguilles et le motif.
Mère lui apprend le point arrière
Le point lancé
Le point de croix
Le passé plat
Le passé empiétant
Le point de chaînette
Le cordonnet
Le point de chausson
Le point d’étoile
Le point de nœud
Et le point de feston
Le point de nœud est très difficile
Et Marilú le répète jour après jour
Elle fait tellement de nœuds
Qu’ils sont devenus une montagne
Et Marilú finit par s’endormir.
Quand elle se réveille
Elle voudrait continuer à broder
Mais il lui faut d’abord défaire point par point tous les nœuds
Jusqu’au dernier.
Maintenant Marilú peut broder le point de nœud
Qui se nomme aussi point de nœud français
Elle apprend à broder le point de deuil
Avec la tristesse des temps pré-historiques
Avec la joie des promesses à venir.
Luz ZAPATA
(Illustration : « Songe », broderie sur lin. LZ)
Merci infiniment Luz, pour ce voyage au pays des fleurs,
des fleurs, des canaris et des poissons,
pour ce voyage au pays des points, de la nostalgie peut-être …
« le passé plat, le passé empiétant, le point de chainette », ainsi va la vie sûrement.
Francesca
Merci Luz, c’est une vrai bonheur que ce poème lu à la lumière grise d’un temps pluvieux.
DA
Très chère Luz
Merci pour ce magnifique poème qui me renvoie à un passage du livre de L’Intranquilité de Fernando Pessoa dans lequel je me suis replongée hier. Je te livre un passage (p31)
» je comprends parfaitement les femmes qui font de la broderie par chagrin et celle qui font du crochet parce que la vie existe……Vivre c’est faire du crochet avec les intentions des autres. Toutefois , tandis que le crochet avance, notre pensée reste libre, et tous ces princes charmants peuvent se promener dans leurs pars enchantés entre deux passages de l’aiguille d’ivoire au bout crochu. Crochet des choses… Intervalles…. Rien
D’ailleurs, que puis je tirer de moi même? Que raconter? Une acuité horrible de mes sensations, et la conscience profonde du fait même que je vis ces sensations… Une intelligence aiguë utilisée à me détruire et une puissance de rêve avide de me distraire. Une volonté morte et une réflexion qui la berce , comme si c’était son enfant bien vivant. le crochet , oui….
Je profite de ce petit commentaire pour te remercier d’être à l’initiative de ce blog qui nous aide à penser « l’impensable » en ce moment.
Très amicalement
Nelly Bonnefis
Merci beaucoup, c’est un très beau texte qui vient à point, dit-on, à qui sait attendre !
Gracias Luz, que lindo poema!! le hace honor a nuestra madre que borda hermoso y nos cuenta sus historias de amor de su juventud de cuando bordaba pañuelos. Gracias!